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Libération
Vers l'intolérance et au-delà

Le film «Buzz l’éclair» censuré dans plusieurs pays en raison d’une scène où deux femmes s’embrassent

LGBT +dossier
Les Emirats arabes unis, l’Indonésie ou encore l’Egypte ont banni le film d’animation. La Chine, qui a demandé sans succès à Disney de couper certaines séquences, pourrait également l’interdire.
«Buzz l’éclair», le dernier Disney centré sur l’astronaute de «Toy Story», sort en France le 22 juin. (Pixar. Walt Disney Compagny)
publié le 14 juin 2022 à 12h12

La séquence n’a beau durer que quelques secondes, elle a provoqué l’ire de nombreux pays. Quatorze Etats – au minimum – ont décidé d’interdire de diffusion le dernier Disney, Buzz l’éclair, film d’animation centré sur l’astronaute de Toy Story, qui sort en France le 22 juin. La scène en question ? Un bref baiser entre Alisha, une amie du super-héros galactique, et sa compagne.

La Chine demande des coupes

Deux femmes qui s’embrassent – une première notable dans un Disney –, c’en est trop pour certains Etats. Inquiets qu’une telle scène puisse choquer les âmes les plus sensibles, certains pays du Moyen-Orient et de l’Asie ont donc annoncé bannir le film d’animation de leurs salles obscures, comme le rapporte l’agence Reuters. On y trouve entre autres l’Egypte, l’Indonésie, la Malaisie, le Liban ou encore le Koweït.

Les Emirats arabes unis, doté d’un bien mal nommé «ministère de la Tolérance», est l’un des seuls Etats à avoir tenté de justifier sa décision, expliquant de manière bien vague l’avoir interdit «en raison d’une violation des normes liées au contenu médiatique en vigueur dans le pays». Cette censure intervient six mois après que le pays a pourtant annoncé que les films diffusés dans ses cinémas ne seraient plus bannis, mais seulement classifiés selon l’âge des spectateurs, avec une nouvelle catégorie d’œuvres interdites aux moins de 21 ans.

D’autres pays pourraient suivre cette vague d’interdiction. A commencer par la Chine qui a demandé à Disney de couper certaines scènes du long métrage, ce que l’entreprise américaine a refusé. Par le passé, Pékin a déjà interdit plusieurs films représentant l’homosexualité à l’écran. «Nous n’allons rien couper, surtout pas quelque chose d’aussi important que cette relation d’amour inspirante qui montre à Buzz ce qu’il rate par les choix qu’il fait», a expliqué la productrice du film, Galyn Susman, à Reuters lors de son avant-première à Londres.

Pression des employés du studio Pixar

Disney n’a pas apparemment toujours été aussi droit dans ses bottes d’astronaute. Selon le magazine américain Variety, le géant du divertissement avait initialement coupé les séquences montrant des signes d’affection entre les deux femmes, avant finalement de se raviser sous la pression des employés du studio Pixar.

Ce n’est pas la première fois, loin de là, qu’un film occidental est banni dans certains pays pour des raisons homophobes. En avril, l’Arabie Saoudite avait demandé à Disney de supprimer les «références LGBTQ» dans le Marvel Doctor Strange in the Multiverse of Madness – dans une séquence, l’héroïne faisait référence à ses deux mères –, ce que l’entreprise avait déjà refusé. Même demande et même résultat pour les Eternels, toujours de Marvel, où l’on voit à l’écran le premier super-héros gay de la franchise. Ou encore pour le remake de West Side Story de Steven Spielberg en raison d’un personnage transgenre. En Malaisie, ce sont récemment les films les Animaux fantastiques : les secrets de Dumbledore et le biopic sur Elton John Rocketman qui ont été bannis pour des motifs similaires.