Coup de sifflet, penalty. Sur la ligne de but, Omid se crispe. La sueur coule le long de ses tempes jusqu’à sa petite moustache de jeune ado. Quand il s’élance pour arrêter le ballon, dont le rouge se découpe parfaitement sur un ciel laiteux, son visage s’ouvre, absorbé par le spectacle des missiles qui descendent des cieux en direction de la raffinerie non loin du terrain. Les gamins éructent, il y a but, tonnerre de joie et de reproches avant qu’une boule de feu ne vienne tout suspendre : le match, leur enfance, et la vie telle qu’ils la connaissaient. On est en septembre 1980, la guerre Iran-Irak vient de débuter.
Après une dizaine de longs métrages de fiction ou documentaire, la Sirène est la première incursion de la cinéaste iranienne (installée à Paris) Sepideh Farsi dans le champ de l’animation. Un moyen, dit-elle, d’approcher ce conflit mal documenté qui l’a obligé, adolescente, à quitter son pays et de se le réapproprier par le dessin pour ne pas avoir à se contenter de la seule iconographie transmise et produite par le pouvoir.
Déambulation groggy
La Sirène raconte le siège d’Abadan, ville stratégique pour ses réserves de pétrole qui sera pilonnée durant un an jusqu’à n’être plus qu’un tas de ruines au moment de sa libération par les pasdaran. Cette guerre, Sepideh Farsi ne la représente qu’à travers les yeux d’Omid, ado qui voit sa famille partir (son frère au front,