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Altitude

«Le Léopard des neiges» de Pema Tseden, feule allié

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La dernière réalisation du cinéaste décédé à 53 ans du mal des montagnes, retrace la relation entre un moine et un félidé. Un voyage inégal mais inspiré qui chemine entre monde réel et monde des rêves.
«Le Léopard des neiges» est une fable farce venue d’un Tibet presque inconnu au cinéma, car signée d’un natif tibétain. (Rediance)
publié le 11 septembre 2024 à 4h38

L’amitié courant sur des années entre un moine tibétain et un léopard des neiges, au gré d’une fiction tissée du monde réel et du monde des rêves, est au principe d’un film cependant immobile au sens où il se déroule en un seul lieu. Sur un haut plateau de montagne, une équipe de la télé régionale alléchée par la nouvelle qu’un léopard majestueux est tenu prisonnier de l’enclos où il a pénétré et dévoré quelques béliers, vient filmer la bête et la famille de bergers qui disputent de la conduite à tenir : relâcher ou tuer l’animal, espèce rare et protégée.

En plus de la mise en abyme toujours un peu convenue du «film dans le film», à la source d’idées séduisantes de mise en scène alternant les points de vue y compris «subjectifs» sur les apparitions (numériques) de la bête merveilleuse, le Léopard des neiges est une fable farce venue d’un Tibet presque inconnu au cinéma, car signée d’un natif tibétain, non sous l’égide de la république de Chine ou d’auteurs occidentaux amateurs d’encens et de Tintin (Annaud, Scorsese ou Bertolucci).

Voyages immobiles

Revient l’idée chère au cinéphile de voyager et d’aller voir, par le cinéma, dans des contrées reculées sans bouger, tous yeux ouverts : ces voyages immobiles si possible évitant le tourisme d’art et les enluminures absorbées. Pema Tseden a passé du temps, une vie, au Pays des neiges, comme on surnomme le Tibet. Sa huitième réalisation marque hélas l’ultime, le cinéaste est décédé à 53 ans peu après avoir terminé le film, d’un mal des