Il y a une cohérence dans les questionnements que Joachim Lafosse remet sur le métier, film après film, qu’il ranime son propre vécu dans la fiction (Elève libre, les Intranquilles) ou transpose des faits divers (A perdre la raison, les Chevaliers blancs…). La responsabilité des adultes détenteurs de l’autorité et le sort des enfants dont ils ont la charge traversent, depuis vingt ans, une filmographie souvent placée sous le signe de la dissolution du foyer, la vie privée comme lieu de débordements funestes. Un silence poursuit l’entreprise, sans que ne varie radicalement l’approche ou la manière, mais avec un argument supplémentaire. Un timing qui l’inscrit en rebond, ou en conversation si directe avec le contemporain qu’on éprouvera l’évidence de vivre, en temps réel, ce que le journalisme désigne comme une «séquence». Le cinéma comme miroir des affaires de violences sexuelles devenues omniprésentes dans l’actualité (avec Tár, l’Américain Todd Field annonçait la couleur), moteur d’un éveil en forme de crise depuis #MeToo. En s’en emparant aujourd’hui, la fiction retient surtout le motif de la chute des puissants, sous l’œil scrutateur du public et des médias. Le «rise and fall» sans le «rise», débarrassé de la question de la grandeur, garde le mouvement de la déchéance en marche, le bruit de la casse quand le monument s
Drame
Le lourd «Silence» de Joachim Lafosse
Article réservé aux abonnés
Daniel Auteuil dans «Un Silence». (Kris Dewitte/Les Films du Losange)
par Sandra Onana
publié le 9 janvier 2024 à 16h33
Dans la même rubrique