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«Le Maître et Marguerite», dense russe

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Dans un audacieux long métrage, Mikhaïl Lokchine adapte le chef-d’œuvre censuré de Mikhaïl Boulgakov pour évoquer la violence et l’absurdité de la Russie contemporaine.
Ioulia Sniguir et Evgueni Tsiganov. (DR)
publié le 25 janvier 2025 à 16h36

D’un film russe sorti en 2024 qui a rapporté 10 millions d’euros en deux semaines d’exploitation sur le sol national et réuni près de 6 millions de spectateurs, on aurait tendance à se méfier. D’une adaptation du Maître et Marguerite, roman fou de Mikhaïl Boulgakov (né à Kyiv), mise en scène par Mikhaïl Lokchine, cinéaste exilé à Los Angeles et figurant sur la liste noire de Poutine, forcément moins. Utiliser ce chef-d’œuvre multicensuré (achevé en 1937, il ne sera publié en intégralité en Russie qu’à partir des années 1980) pour évoquer la violence et l’absurdité de la Russie contemporaine, où toute critique vis-à-vis de la guerre en Ukraine est réprimée et où la production culturelle est passée au tamis pour identifier les potentiels contrevenants, est une idée imbattable – mais diablement audacieuse, le livre relevant du supra-tentaculaire. Lokchine se montre pourtant à la hauteur du défi dans ce monstre de près de trois heures, circonscrit chez nous aux allées parallèles de la VOD (même si plusieurs projections ponctuelles ont lieu en salles et dans plusieurs festivals).

Mise en abyme de la création

En prenant un peu de distance avec le roman, adapté dans un récit plus fragmenté encore, le cinéaste n’a pas choisi la facilité mais gagne très vite en vertige et en densité. Les passages les plus mémorables du livre (la mort de Berlioz, le spectacle de magie noire, le bal sataniq