Le cinéma a la force, énorme, de sa littéralité. Du moins quand il est en puissance de ses moyens, entre les mains d’un cinéaste qui lui fait confiance et le connaît. Ainsi Hamaguchi qui, dans Le mal n’existe pas, fait disparaître un personnage le plus littéralement du monde, en cessant de le faire apparaître dans le plan. Geste élémentaire à l’effet démesuré, qui manifeste de la manière détaillée avec laquelle procède le Japonais pour raconter ses histoires et les mettre en jeu, interdisant d’ailleurs d’opérer sur ses films le moindre prélèvement d’un détail pour en extraire du sens. Chaque séquence, chaque scène dans Le mal n’existe pas, comme dans Drive My Car, agissant tel qu’imbriquée dans une autre et ainsi de suite, jusqu’à cet étrange ordonnancement qu’est le film dans son ensemble, remarquable par la vigueur de ce que son récit produit depuis son début systématique assez déplaisant, jusqu’à sa conclusion fantastique, malgré l’échelle des enjeux, minimes si l’on se réfère aux thématiques qu’il agite à sa surface de son synopsis : une petite communauté rurale des alpes japonaises s’inquiète de l’installation prochaine d’un camp de vacances. On se souvient que Hamaguchi avait remporté le prix du scénario à Cannes pour Drive My Car, il se confirme ici en grand ordonnateur du fond et de la forme, du presque rien qui fait tout, et inve
Critique
«Le mal n’existe pas» de Ryûsuke Hamaguchi : âmes sylvestres
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Takumi (Hitoshi Omika) et sa fille Hana. (Pandora Film / NEOPA, Fictive)
par Olivier Lamm
publié le 9 avril 2024 à 18h05
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