Le septième art entre dans la bataille. Les deux plus grandes associations de réalisateurs fustigent publiquement la campagne menée par l’extrême droite contre le service public, dans un communiqué commun transmis ce jour à l’AFP.
«Nous condamnons fermement les attaques de l’extrême droite contre les présidentes de France Télévisions et de Radio France», écrivent la Société civile des auteurs, réalisateurs, producteurs (ARP), présidée par Claude Lelouch, et la Société des réalisateurs et réalisatrices de films (SRF), avec à sa tête Cédric Klapisch. Ces collectifs représentent respectivement quelque 200 et 500 cinéastes.
«Un projet de privatisation de l’audiovisuel»
Selon eux, «ces attaques mettent en évidence un projet de longue date de privatisation de l’audiovisuel, et une volonté de musellement de la liberté d’expression et de création». «Nous ne souhaitons pas un pays où […] toute pensée critique peut devenir une pensée terroriste ou ennemie de la nation», détaillent les deux collectifs, pour qui «l’indépendance du service public est primordiale» et «l’exemple des Etats-Unis» constitue une mise en garde.
Depuis quelques semaines, Radio France et France Télévisions sont en conflit ouvert avec les médias dans le giron du milliardaire conservateur Vincent Bolloré. Ces derniers accusent l’audiovisuel public de partialité, à la suite de l’affaire Legrand-Cohen, deux journalistes du service public accusés de connivence avec le PS.
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Peu coutumière des déclarations coup de poing, la patronne de France Télévisions Delphine Ernotte Cunci avait pour la première fois qualifié «d’extrême droite» la chaîne CNews, qui a riposté en dénonçant une tentative de «masquer» le débat «légitime» sur l’impartialité de l’audiovisuel public.
L’ARP comme la SRF appellent les pouvoirs publics à poursuivre «leurs engagements humains et financiers» en faveur de la radio et de la télévision de l’Hexagone. Pour eux, France Télévisions est un acteur de premier plan, en tant que diffuseur et coproducteur d’une soixantaine de films par an, selon les chiffres d’un récent rapport de la Cour des comptes qui a alerté sur la situation financière «critique» de l’audiovisuel public.