Une petite équipe de cinéma baye aux corneilles dans une bâtisse campagnarde, au gré d’une mise en abyme cancre, film sur un film en train de se tourner. Xavier Bélony Mussel y campe le premier rôle, cinéaste acteur ayant élidé le «r» final de son prénom pour un «Xavie» plus dans le ton vitaliste bébête recherché. Le doux-dingue engourdi comme l’inconsistance de ce cinéma miniature, hors des clous, affiche la couleur et la limite de l’exercice.
Le Naméssime est un film à la ramasse, au ras des pâquerettes. Le principe y est de jouer à faire du cinéma telle une partie de Scrabble, en agitant des lettres et des scènes improvisées – «naméssime» c’est «cinéma» en phonèmes rapiécés. Puis, de ce ludisme désœuvré, ne tirer aucun parti. Au contraire, rester dans la paresse, à la ramasse, tire-au-flanc. Et ramasser. Ramasser ce qui passe, sans hâte ni se soucier de qualité – comme Dieu, le Naméssime pourvoit à tout. Il suffirait de se laisser porter par un discours (éculé) sur le hasard, l’imprévu du cinéma, les papillons, les chakras. Se mettre à tourner au premier signe d’alerte, enregistrer le peu qui passe (une chicorée). Presque rien.
Cela au risque de n’en rien faire, pas même un film. C’est ce que le Naméssime entreprend, attachant travail de sape champêtre, autodestruction autoproduite et farce déprimée : pourquoi un film plutôt que rien ? Pour l’infime désordre et l’idiotie mystique mais collective qu’un tournage favorise. La belle nature ensoleillée qui environne ce «film en résidence» observe dans sa sereine indifférence l’homme à la ramasse brûler tous ses vaisseaux.