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Libération
Cinéma

«Le pion du général», échec complet

Le film indonésien, sous couvert de dénoncer l’horreur, s’y complaît totalement, jusqu’à l’indigne.
Logé et nourri à la table de ce haut gradé à la retraite revenu dans sa province indonésienne dont il brigue la municipalité, le jeune Rakib est à la fois le protégé et le serviteur. (Destiny Films)
publié le 21 février 2024 à 6h25

Au cas où l’époque n’en aurait pas déjà plein la bouche, de «la banalité du mal», le Pion du général remet le couvert. Logé et nourri à la table de ce haut gradé à la retraite revenu dans sa province indonésienne dont il brigue la municipalité, le jeune Rakib est à la fois le protégé et le serviteur. Entre les deux hommes, on voit venir de très loin la relation turpide du bourreau et du «pion», du maître et du larbin, expédition punitive et pédophilie insinuante, le général gardant l’air placide du tortionnaire tout du long.

Les films horribles sont plutôt rares, la plupart se contentant d’être mauvais ou ratés. A quoi reconnaît-on le genre «film horrible» ? Généralement à l’alliance entre le bluff du gros sujet indiscutable (la dictature, la torture, la pédophilie, la «banalité» du mal) et la complaisance absolument symétrique avec laquelle il en traite. Ne rien s’épargner de ce qui débecte pourvu que la cause soit noble. Le Pion du général glisse, en moins d’une heure de préliminaires tortillants, dans l’abject. La musique se met à striduler, on balance les infrabasses, la caméra portée et des hors-champ signalent qu’on y est, à pieds joints dans l’horrible. Très empesé, comme souvent les œuvres de coproduction internationale visant une carrière de festivals, tous les plans du film sont nuls ou indignes, d’indigence satisfaite. Rien ne va. Aux minutes insupportables scrutant un garçon agonisant émettant des râles à l’arrière de la voiture du général, chacun a le droit de sortir de la salle.

Le Pion du général de Makbul Mubarak, avec Kevin Ardilova, Arswendy Bening Swara… 1h55.