«Etre filmé par M. Lynch, c’est un peu comme être peint par Michel-Ange ! C’est un génie», Diane Ladd, la mère de Laura Dern, avait prononcé cette phrase définitive lors de la conférence de presse de Sailor et Lula (Wild at Heart) à Cannes en 1990. Comme jamais rien n’est vraiment sérieux au pays d’Hollywood, les journalistes avaient pris note et sans doute un peu raillé intérieurement cet accès de ferveur jugé naïf. Pourtant, le caractère absolument génial et total de Lynch n’a cessé de s’imposer, grandir à vue d’œil au fil de ces films et séries et prise de paroles complètement perchées de médium transcendantal branché sur les fils électriques grésillant derrière les plinthes de nos chambres intérieures, les yeux basculés entre les sous-terrains et le cosmos. Lynch meurt donc à 78 ans, d’avoir trop tiré sur ses fameuses American Spirit, rincé par des hectolitres de café, à longueur de journée dans son penthouse de Los Angeles, ville dont il disait à quel point elle lui plaisait car «il fait la même température à l’intérieur et à l’extérieur». On avait appris que sa santé s’était sérieusement dégradée ; atteint d’un emphysème, réduisant sa capacité pulmonaire au point de l’obliger à être oxygéné artificiellement. Au cours des derniers incendies de Los Angeles, il semble qu’il ait été évacué. L’annonce de son décès est évidemment un coup de tonnerre artistique majeur tant il a soudé une communauté immense d’admirateurs qui ont basculé dans son monde et l
Disparition
Mort de David Lynch, Last Highway
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David Lynch à Paris, en mai 2008. (Jérôme Bonnet /Libération)
publié le 16 janvier 2025 à 19h35
(mis à jour le 16 janvier 2025 à 20h21)
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