«David Lynch, alors ça, c’est un mec… sur lequel je pompe, disait-il dans une vidéo du site Konbini en 2019. Quand je tourne, je pompe. Par exemple, quand je ne sais pas comment tourner un plan, je me dis : qu’est-ce qu’il ferait, ce con de Lynch ?» David Lynch et Bertrand Blier – le lien entre ces deux-là, partis en l’espace de quelques jours, personne ne l’aurait fait spontanément. Et pourtant il paraît logique, évident – les films de Blier, comme ceux de Lynch existaient tous autour d’un trou béant, de ténèbres innommables qui bouillonnent furieusement au cœur d’un monde sans aspérités, affreusement ordinaire. Dans Fragile des bronches, collection de souvenirs d’enfance et d’adolescence, coécrits avec la journaliste Eva Bester en 2022, tout est déjà tellement si profondément Blier que ça pourrait être des extraits perdus d’un de ses films : «Ma mère, un jour, a voulu se balancer par la fenêtre. C’était après le printemps, la fenêtre était ouverte, les hirondelles rasaient le sommet des arbres.» «C’est mon père, un mec génial. Il baise beaucoup de femmes puis va se coucher silencieusement à côté de ma mère. […] Il est beau et séduisant. Très marrant. Mais il baise trop de femmes. Ma mère dépérit.» Dans ces deux passages, présent dans le premier tiers du livre, il y a tout ce qui couve sous sa vie, ses
Disparition
Mort de Bertrand Blier, le père l’immoral
Article réservé aux abonnés
Bertrand Blier en mars 2000. (Fred Khin, Fred Khin/Liberation)
publié le 21 janvier 2025 à 12h24
(mis à jour le 21 janvier 2025 à 20h20)
Dans la même rubrique