En 1987 au Festival de Cannes, le premier film africain jamais projeté en compétition officielle repart avec le prix du jury. Est appelé sur scène le cinéaste malien Souleymane Cissé, qui monte en boubou bleu ciel parmi les nœuds papillons. Il dédie ce prix historique à «ceux qui l’ont aidé de l’autre côté, qui n’ont pas le droit de parler», référence aux techniciens sud-africains alors écrasés par le régime de l’apartheid. Avec lui, le futur et la reconnaissance du cinéma d’Afrique semblent s’ouvrir en grand, comme si on avait allumé la lumière. Yeelen, «la lumière» en langue bambara, est le titre de cette fable initiatique aux couleurs du désert, nimbée de mythes et de magie, où un jeune guerrier doit surmonter les épreuves dressées par le père qui essaye de le détruire. Une histoire d’affrontement entre générations, l’un des cœurs sombres de l’œuvre du Malien : comme déjà dans Finyé (le Vent, 1982), sur la répression d’étudiants d’université en révolte contre la tradition des pères, à la recherche d’un nouveau monde à faire surgir. L’œuvre prophétise l’écrasement de manifestations à Bamako le 22 mars 1991, prélude au renversement du dictateur Moussa Traoré quelques jours plus tard.
Auteur de neuf longs métrages qui sont autant de repères dans