Le mouvement #MeToo dans le cinéma ne cesse de prendre de l’ampleur. Deux femmes ont affirmé jeudi 4 avril dans le Nouvel Obs avoir été victimes de viols commis par Nils Tavernier, acteur et réalisateur, dans le cadre professionnel, et avoir déposé plainte en début d’année. L’une des deux avait 12 ans au moment des faits allégués.
L’ancienne actrice Jennifer Covillault Miramont évoque une agression en 1991. Elle explique au magazine avoir rencontré l’acteur, fils de Bertrand Tavernier, quand elle avait 12 ans et lui 27, sur le plateau du téléfilm Sabine j’imagine. Le décrivant comme surprotecteur, la femme aujourd’hui âgée de 45 ans assure qu’il se serait rapproché d’elle, l’aurait embrassé après le tournage, puis serait resté en contact avec elle.
Actrice isolée du reste de l’équipe
L’année suivante, Covillault Miramont se serait rendue au domicile de Nils Tavernier, «pour discuter d’un scénario». Bien qu’elle ait dit «non à deux reprises», elle évoque au Nouvel Obs «des violences sexuelles dont une pénétration digitale». A l’époque âgée de 13 ans, elle dit avoir été «tétanisée. […] Il a insisté : “Tu ne peux pas me laisser comme ça“, m’a pris la main pour le masturber».
Laura Lardeux a, elle, rencontré Nils Tavernier vingt ans plus tard, sur le tournage du film De toutes nos forces, à La Clusaz (Haute-Savoie). Alors âgée de 19 ans, elle était étudiante en cinéma. Auprès de l’hebdomadaire, elle raconte un phénomène d’emprise. Le réalisateur l’aurait isolé systématiquement du reste de l’équipe, à qui elle n’avait pas le droit de parler.
Enfants sur les tournages
La femme d’aujourd’hui 32 ans témoigne d’agressions qui se seraient déroulées à Nice, où le tournage de De toutes nos forces s’est poursuivi, notamment de faits de viols. Un soir, Nils Tavernier lui aurait proposé de monter dans sa chambre d’hôtel. «J’ai dit “non” plusieurs fois. J’ai fini par laisser faire, j’ai fermé les yeux. Après la pénétration, il m’a dit de partir, pour ne pas qu’on nous voie», explique Laura Lardeux, précisant qu’elle avait alors peur d’être «blacklistée» si elle contrariait le réalisateur.
Dans l’article du Nouvel Obs, Nils Tavernier, aujourd’hui âgé de 58 ans se dit «abasourdi» des plaintes à son encontre et affirme «ne rien avoir à se reprocher». Son entourage professionnel l’y décrit majoritairement comme un homme «bienveillant» mais «irritable», capable de se mettre en colère. Récemment, le réalisateur était en tournage pour son prochain film la Vie devant moi, racontant la vie de Tauba Zylbersztejn pendant l’occupation.