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Billet

Le Red Sea Film Festival en Arabie Saoudite, une vaste opération de blanchiment politico-culturel

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A Djedda, un nouveau raout en grande partie pourvu par le ministère de la Culture saoudien qui s’achève ce samedi, affiche stars et libéralisme moral dans un pays rétrograde, accusé de tortures et de sévices sexuels. Et tout Hollywood s’y presse.
Diane Kruger, Johnny Depp, Sharon Stone, Will Smith, Michelle Williams et Maïwenn lors de l'ouverture du festival Red Sea Film Festival à Djedda, en Arabie Saoudite le 30 novembre. (Ammar ABD Rabbo/AFP)
publié le 8 décembre 2023 à 16h22

«Vous vous prétendez woke, mais vos employeurs font tourner des ateliers clandestins en Chine : Apple, Amazon, Disney… Si Daech lançait une plateforme de streaming, vous appelleriez votre agent.» Les mots prononcés en 2020 par Ricky Gervais aux Golden Globes devant un parterre de célébrités mi-amusées mi-médusées reviennent comme un refrain de l’époque, une vacherie à laquelle on aimerait renvoyer Hollywood à chaque nouvelle manifestation de sa morale à géométrie variable. Un an plus tard, ce même vedettariat américain boycottait massivement les Golden Globes, inquiet d’un manque de diversité dans le collège de votants de la cérémonie. On se demande dans quelle mesure cette remarquable démonstration de moralité s’accorde en toute cohérence avec son blanc-seing accordé au Red Sea International Film Festival, nouveau grand rendez-vous de cinéma essentiellement pourvu par le ministère de la Culture saoudien via une fondation ad hoc qui s’achève samedi.

Ecosystème très conquérant

Voilà donc deux ans que ce navire amiral de la politique de soft power culturel mise en œuvre par le Royaume mouille à Djedda, accueillant d’une part une compétition de films africains, arabes et asiatiques, et d’autre part un aréopage étincelant de personnalités occidentales. Moyennant compensation ? Vous n’y pensez pas. Pour le plaisir de se montrer ? C’est mal les connaître. Par pur goût pour le cinéma des pays du Sud, alors ? Bien sûr ! On s’étonne dans ce cas de n’avoir vu ni Will Smith, ni Baz Luhrmann, ni Sharon Ston