Curieux film que cet Emmanuelle, portant dans son titre l’héritage du soft-porn culte des années 70 (onze ans à l’affiche, neuf millions d’entrées), mais avec lequel Audrey Diwan semble vouloir prendre ses distances. La réalisatrice, qui s’est imposée en un film (l’Evènement, d’après Annie Ernaux, lion d’or à Venise) comme une figure centrale du cinéma français, préfère citer le livre, écrit par une femme, Emmanuelle Arsan, que le film de Just Jaeckin avec Sylvia Kristel dans le rôle-titre. Déjà à son époque, Emmanuelle semblait un coup opportuniste, qui profitait du progressisme des premières années Giscard pour livrer une exploration nanardesque des plaisirs exotisants d’une épouse d’expat, filmée comme une poupée passive partante pour tout (plaisirs, sévices, viols collectifs). A l’ère post-#MeToo, on se demande a fortiori ce qu’il y a d’excitant à ressusciter ce personnage qui semblait devoir mourir avec le siècle. En filmant la scène inaugurale de l’avion comme s’il fallait s’en débarrasser – elle se résume à quelques plans de baise sur le mode «passons à au
Soft-porn
Le remake d’«Emmanuelle» avec Noémie Merlant, nue sur l’amer
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«The sadness is mine» conclut Emmanuelle version 2024. (Emmanuelle Estate/Pathé Films)
par Laura Tuillier
publié le 24 septembre 2024 à 20h21
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