Venu présenter avec son équipe en avant-première son premier long métrage dans un cinéma parisien, Julien Colonna n’a pas spécialement cherché à accrocher le public en parlant de l’expérience fondatrice qui a orienté le choix de ce scénario et de cette plongée dans le milieu du banditisme corse au milieu des années 90. En effet, et ce n’est pas banal, il est l’un fils de Jean-Jé Colonna, mort dans un accident de voiture en 2006, figure du banditisme insulaire, «élément majeur, incontournable, de la criminalité organisée en Corse-du-Sud» pour citer un rapport à la chancellerie datant de 2000, personnage insaisissable ayant pris la poudre d’escampette vers l’Amérique du Sud avant de revenir au pays, et ayant tout particulièrement mené une durable vendetta contre les assassins de son père qu’il avait vu, encore enfant, se faire buter sous ses yeux.
Recherche de singularité
Le Royaume s’édifie sur ce substrat autobiographique et même très directement comme on l’entend dans un long monologue du parrain de fiction, Jean-Paul (Saveriu Santucci, berger, accompagnateur en montagne de son état) racontant par le menu à sa fille unique, Lesia (magnétique Ghjuvanna Benedetti, infirmière et pompier secouriste avant ce rôle), un destin d’aventurier aux mains ensanglantées. Evoquant ce premier long métrage, le cinéaste dans une interview déclare avec des accents évoquant le style volontairement grandiloquent du romancier Jérôme Ferrari : «Ces hommes sont des pénitents de leur propre vie, ils vivent