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Mathématiques

«Le Théorème de Marguerite», tapie dans le nombre

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Dans le film d’Anna Novion, une brillante mathématicienne découvre qu’elle a plus à apprendre de l’école de la vie qu’à Normale Sup.
Marguerite (Ella Rumpf) en matheuse droguée au boulot. (Anna Novion/Pyramide Films)
publié le 31 octobre 2023 à 0h26

Mettre de l’ordre dans l’infini, écouter l’harmonie des sphères, chercher des chemins qui ne mènent pas nulle part… Toutes ces manières existentielles d’envisager les mathématiques traversent le film d’Anna Novion, où il est beaucoup question des labyrinthes où l’on erre et de la beauté dialectique, peut-être même poétique, d’une discipline qui fait un sujet de fiction plutôt inhabituel. Il n’en est pas moins compatible avec des voies scénaristiques bien balisées : le portrait de Marguerite, thésarde droguée au boulot et socialement inadaptée (traînant ses pantoufles sur le campus de Normale Sup, tel Mark Zuckerberg ses tongs dans The Social Network de David Fincher) se prête autant à la peinture au cordeau d’un milieu d’élite, que ce bon vieux récit d’émancipation de l’intello au look de vieille fille.

Ce serait évidemment dans l’expérience de la «vraie vie», l’algèbre imparfaite des sentiments et non dans une solitude de moine HPI que se trouveraient les réponses que cherche la doctorante, consumée vivante par un problème de maths insoluble. Pour s’en rendre compte, il lui faudra claquer la porte de son école, après une humiliation qui lui a fait perdre l’estime de son mentor – qui d’autre que Jean-Pierre Darroussin, parfait en faux débonnaire et vrai félon ? C’est raconté avec assez de charme et de rondeur pour reconnaître au film une capacité à exciter l’imagination – rien d’évident à filmer le ping-pong intellectuel de matheux comme un pas de deux à suspense –, se