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Drame

«L’Effacement» de Karim Moussaoui : mépris de glace

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Le cinéaste algérien signe un thriller peu convaincant autour de l’héritage toxique du patriarcat, où un fils d’industriel voit disparaître son reflet.
Sans reflet, sans éclat, Reda part en vrille. (Les Films Pelleas)
publié le 6 mai 2025 à 21h26

Dans l’Effacement, adapté du roman de Samir Toumi, un fils nommé Reda (Sammy Lechea), jeune adulte, a grandi dans l’ombre et sous l’influence de son père, un industriel de la bourgeoisie d’Alger, qui l’a placé dans son entreprise et contre lequel, contrairement à son frère, il ne s’est jamais rebellé. La mort du patriarche précipite sa descente aux enfers : transparent jusqu’à en perdre son reflet dans les miroirs, sans éclat ni désir propre, véritable «homme sans contenu» écrasé par le système environnant de reproduction sociale de la masculinité, Reda part en vrille. Poussé à effectuer son service militaire, il y fait l’apprentissage de l’autre violence, non plus sourde et faussement policée, comme celle de sa classe dominante, mais brutale, comme l’horreur.

Charge d’angoisse

Karim Moussaoui, l’auteur des Jours d’avant et d’En attendant les hirondelles, qui dans ses films précédents cherchait la subtilité dans son amour des coups d’éclat de mise en scène, donc un certain équilibre, semble avoir laissé libre cours à son attrait – difficile à retenir de nos jours – pour le cinéma de genre d’inspiration hollywoodienne. Si un thriller peut s’avérer difficile à réussir dans un contexte moins balisé, un thriller à sujet – l