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Critique

«Leila et les loups» de Heiny Srour : mille et un cris

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La fiction combative de la cinéaste libanaise, qui ressort en salles ce mercredi 7 mai, survole avec onirisme la place des femmes en huit décennies d’histoire de la Palestine et du Liban.
Le projet de Heiny Srour puise son inspiration dans les récits de Shéhérazade. (D.H.R. distribution)
publié le 7 mai 2025 à 6h12

«Parfois, je sens jusqu’à la palper une pesanteur monter du fond des âges dans le monde…» Dans Femme, arabe et… cinéaste, texte magnifique et manifeste écrit en 1976, et réédité récemment sous la forme d’un indispensable petit livre trilingue (en arabe, français et anglais), Heiny Srour fait le récit des difficultés rencontrées sur le chemin de son devenir-cinéaste, en forme de bilan à la fois politique, biographique et artistique. Quelque temps après avoir réalisé son premier film, l‘Heure de la libération a sonné, documentaire sur les combattants et combattantes de la guérilla communiste et féministe dans le Dhofar, à Oman, sélectionné à la Semaine de la critique à Cannes en 1974, Heiny Srour revient sur son parcours.

Née en 1945 à Beyrouth au Liban, dans une famille juive arabe, militante marxiste et anti-impérialiste, elle se confronte, pour mener à bien son désir d’un cinéma inséparable de la lutte, à la misogynie de ses premiers alliés, les hommes militants de gauche, comme à celle du milieu du cinéma (sur les tournages comme dans les festivals, de la technique à la critique), aussi bien qu’au racisme de ses autres camarades potentielles, les féministes occidentales. Autant de balles dans le pied sur le chemin d’une triple libération qui serait à la fo