Menu
Libération
Maison de thé

«L’empire des sens» de Nagisa Oshima, belle de jouir

Article réservé aux abonnés
Le film scandale de 1976 narrant la passion torride et éphémère, dans un Japon conservateur, entre une ancienne prostituée et son employeur aubergiste, fait l’objet d’une somptueuse édition 4K. Une œuvre où une sexualité sans limite porte un message émancipateur.
Tatsuya Fuji et Eiko Matsuda dans «l'Empire des sens». (Carlotta films) (Carlotta films)
publié le 6 août 2024 à 16h27

C’est un film talisman, un diamant noir, le totem incandescent d’un art confronté à sa propre limite : donner à voir ce que la censure empêche et occulte – la sexualité en fusion et ses pénétrations non simulées, le sexe comme vecteur de révolte –, mais aussi ce que le regard peine à soutenir, ou ce qui lui échappe, en dépit de ce qu’il voit : la jouissance aux confins de la folie, l’amour à mort, la prose de la chair pour les uns, le sacré, pour les autres, et quoi qu’il en soit l’infilmable.

Peu d’œuvres sont aussi rétives que l’Empire des sens de Nagisa Ôshima. Commenté à l’envi depuis sa scandaleuse et triomphale projection à Cannes en 1976 et le procès pour obscénité dont le cinéaste sera frappé dans son pays – le film à ce jour, n’a pu y être montré qu’avec les sexes floutés et la pilosité cachée –, son mystère demeure intact, point aveugle au cœur de la cinéphilie, qu’on échoue à déflorer sans céder à l’effusion.

Né de la rencontre d’un cinéaste japonais, Ôshima, chantre d’une modernité turbulente et contestataire, et d’un producteur français audacieux, Anatole Dauman (auquel on doit des projets aussi divers que la Jetée de Chris Marker, Hiroshima mon amour de Resnais, Mouchette de Bresson), l’Empi