Le nom est à retenir doublement : Gudmundur Arnar Gudmundsson. Il est Islandais et à ce point doué qu’il mérite un effort de mémorisation (et de prononciation). Il le faut : son deuxième film, les Belles Créatures, est incroyablement beau, à sa manière patiente de filmer violence et sentiments – distinctement. Les Belles Créatures pose un grand cinéaste en devenir (comme sa manière de raconter d’une mobilité stupéfiante), pourvu qu’il ne se crispe pas en académisme sur la voie promise. Ce film est encore meilleur que son premier, Heartstone (2017), même moins auréolé de prix, de festivals, à part en 2022 à Berlin, au Panorama.
Au cinéma aujourd’hui on voit moins de bandes de mecs, comme si l’essentiel avait été dit à ce sujet, sur tous les tons. De Graine de violence à De bruit et de fureur, de West Side Story à Stand by Me, en passant par la Fureur de vivre de Nicholas Ray, cinéaste dont Gudmundsson est le plus proche en lyrisme sourd – mais sans la nuit, cinéma diurne, de pleine lumière et de pleine conscience, d’un pays, l’Islande, où le jour ne se couche presque jamais l’été. Le temps est venu de regarder du côté moins rebattu des bandes de filles. Sauf que Gudmundsson décide que tout n’a pas été dit de la violence et de l’amitié, de la honte et de la pudeur de l’adolescence, qui sont les quatre thèmes ici entremêlés, comme le sont les quatre garçons au centre. La magnificence subtile du film tient à sa façon