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Cinéma

«Les Colons», Chili con carnage

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Radical dans sa forme et son propos, le film somptueux de Felipe Gálvez plonge sans concession dans le passé génocidaire du pays.
Post-western assumé, ce premier long impressionnant de Felipe Gálvez disqualifie ceux qu’on appelle encore les «cow-boys», définitivement ici identifiés en «colons». (Dulac Distribution)
publié le 19 décembre 2023 à 17h49

Rare qu’un titre colle à ce point à ce que veut le film, en renseigne de façon aussi directe les tenants et les aboutissants. Post-western assumé, ce premier long impressionnant de Felipe Gálvez disqualifie ceux qu’on appelle encore les «cow-boys», définitivement ici identifiés en «colons». Et son titre fait un beau frontispice au récit efflanqué, au picaresque aride et somptueux, de plus en plus assombri d’une traînée de sang.

Nous sommes en 1901. Les Colons conte la randonnée sauvage, dans un Chili en formation chaotique, de trois hommes de main d’un propriétaire terrien – un soldat anglais, un mercenaire texan et un Indien métis –, engagés pour ouvrir la route vers l’est, rejoindre la côte Atlantique, en chemin faire place nette des tribus d’Amérindiens – les pacifiques Selk’nam. Acquis à la cause, ils s’acquittent de leur basse besogne d’extermination. La violence surgit sur fond d’histoire censurée, refoulée ou interdite comme celle de la dictature de Pinochet, soixante-dix ans après.

«La mer est devenue rouge»

La marque au fer rouge de l’anéantissement du peuple indien préside au spectacle lent et éprouvant des Colons, prenant son temps jusqu’à ce devienne impossible de dissocier le «lonesome cow-boy» du mercenaire génocidaire. Tueurs racistes, ténèbres de la civilisation, Gálvez