Bricolés sur plus de dix ans, entre 2012 et 2023, les Contes de Kokkola sont trois courts métrages filmés en pellicule noir et blanc, et muets ou presque. Juho Kuosmanen, cinéaste finlandais à qui l’on doit Compartiment nº6 – son deuxième film, qui avait remporté le grand prix à Cannes en 2021 – a donc continué, depuis sa sortie d’école, de travailler artisanalement, dans son village d’origine et avec des comédiens non-professionnels, peaufinant un art du bruitage et de la composition musicale qui renvoient au cinéma des premiers temps. Le résultat, modeste et un poil inégal, assumant volontiers son anachronisme, permet néanmoins de se laisser bercer par une petite musique bien particulière, faite d’une nostalgie venue des grands froids, de ces terres reculées où il ne fait jamais ni nuit ni jour et où le temps semble s’être bel et bien arrêté.
Age d’or du muet
Dans le premier court, le plus beau, Mattila le vagabond et la jolie femme (2012), Kuosmanen s’inspire de la vraie vie de celui qu’il filme, un homme sans âge, Seppo Mattila, à qui l’on intime brusquement de quitter sa maison, considérée en ruine. Bruissement du vent