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«Les Damnés» de Roberto Minervini, instants de survie

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Suivant des soldats nordistes dans les confins sauvages du Montana, au début de la guerre de Sécession, le cinéaste italien signe un film sans patriotisme, âpre et sensoriel.
C’est la survie filmée comme pure continuité, état d’existence primaire et frémissant qui essaye de se maintenir plutôt qu’un facteur de tension. (Les films du Losange)
publié le 12 février 2025 à 7h12

D’abord, il y a ce long plan d’ouverture muet, où des loups s’arrachent une carcasse au milieu de nulle part – instantané de survie sous sa forme bestiale, dans le silence d’un sous-bois. Puis, cette bande d’hommes largués dans les rudes confins du Montana à la tombée de l’hiver 1862, au début de la guerre de Sécession, qui portent l’uniforme bleu de l’Union et se donnent l’air de savoir ce qu’ils fichent là. Un carton nous apprend qu’il s’agit de soldats nordistes envoyés en reconnaissance à l’ouest pour tracer une ligne de front, ce que le spectateur n’aurait pas deviné lui-même tant les enjeux de cette mission se brouillent après cinq minutes. Certains se sont enrôlés au nom d’un idéal. Un autre sans foi admettra ne pas se soucier de qui gagnera à la fin.

Antispectaculaire

C’est un film de guerre économe où la guerre aurait presque oublié de se pointer, une vanité sur des corps à l’épreuve de la nature. Tourné sans scénario, en laissant l’immersion avec les acteurs dicter les événements, il n’est affaire que de survie matérielle, campements, jeux de cartes, tours de guets et démonstrations du fonctionnement des armes. Roberto Minervini filme son désert des tartares, fait d’immobilité et d