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Drame

«Les Enfants rouges» de Lotfi Achour : fiction-hommage pour un berger assassiné en Tunisie

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Le cinéaste tunisien revient sur une attaque jihadiste qui a bouleversé son pays en 2015, à travers une dramaturgie ténue et un casting criant de vérité.
Deux jeunes bergers gardent leur troupeau lorsqu'ils sont attaqués par des jihadistes dans une commune rurale. (Nour Films)
publié le 7 mai 2025 à 9h01

En novembre 2015, un berger, Mabrouk Soltani, vivant dans les montagnes reculées et pauvres du centre ouest de la Tunisie, est décapité par un groupe de jihadistes se réclamant de l‘Etat islamique. Le meurtre a lieu sous les yeux du cousin de la victime qui sera chargé par les terroristes de ramener la tête du supplicié à sa famille. Ce drame a reçu un écho très important dans la conversation nationale du pays, d’autant que les autorités ont mis plus d’une journée à intervenir et rejoindre les lieux du crime.

Le dramaturge et cinéaste Lotfi Achour a décidé de ré-évoquer la figure de Mabrouk Soltani en apprenant que le frère aîné du berger avait subi le même sort un an et demi après et dans la même zone. Les Enfants rouges raconte l’épisode de l’attaque des jihadistes alors que les deux garçons gardent leur troupeau, et le retour au village Ashraf (Ali Helali), 14 ans, portant un sac ensanglanté. Le traumatisme du survivant, la terreur et l’accablement tombant d’un coup sur la petite communauté rurale, l’inertie des policiers qui tardent à intervenir, le sentiment d’une fatalité méchante ajoutant la barbarie arbitraire à l’austérité rase du paysage et à une condition de déshérités.

Enfermement collectif

Lotfi Achour a fait le choix d’un style naviguant entre réalisme et onirisme, transmuant le malaise et l’hébétude d’Ashraf, d’une jeune fille Rahma (Wided