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Libération
Critique

«Les Filles désir» : à Marseille, un triangle amoureux vire du doux à l’amer

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Dans la chaleur d’un quartier de la ville méditerranéenne, Prïncia Car filme une jeunesse tiraillée entre sentiments chastes et sexualité libre.
Yasmine (au second plan) est la fille respectable, Carmen la tentatrice. (Zinc film)
publié le 16 juillet 2025 à 6h22

«Ça sert à rien, pourquoi courir ? Il y en a plein des filles désir…» Pas grave si l’on n’a jamais su ce que le refrain parlé-susurré de la chanteuse pop Vendredi sur Mer voulait dire par là. On l’a déjà chanté avec elle, tout comme Prïncia Car sans doute, autrice d’un premier long métrage où ces paroles appartiennent à tout le monde. C’est quoi du coup, une fille désir ? La réalisatrice, fondatrice d’une école alternative de cinéma à Marseille où elle encadre aussi des ateliers de théâtre, s’est posé la question avec la troupe de jeunes comédiens qui l’accompagne depuis huit ans de création collaborative. Le film puise dans leur naturel de gens de 20 ans (Housam Mohamed, Leïa Haïchour, Lou Anna Hamon, beaux comme tout), saisi au vol par une caméra qui ne veut pas en perdre une goutte.

C’est l’été des dalles d’immeubles qui chauffent, baignades en bande, sorties à la fête foraine. A la fin de ce récit d’initiation plein soleil, qui vire du doux à l’amer, un triangle amoureux s’est déréglé, la cruauté du désir a fait son travail, et semé le doute dans le système de valeurs très réglé, très mâle du cercle d’amis, instrument de contrôle discret de la sexualité des filles.

C’est facile au début, Yasmine est la fille respectable, Carmen la tentatrice, O