Menu
Libération
Vite vu

«Les Ombres persanes» et «les Meutes», bonjour tristesse

Cette semaine, «Libé» a (vite) vu un drame iranien oppressant et un thriller marocain où deux laissés-pour-compte vont toujours plus loin dans le glauque.
Une femme (Taraneh Alidoosti) et un homme (Navid Mohammadzadeh) découvrent à Téhéran un couple leur ressemblant trait pour trait (joués par les mêmes). (MohamadBadrloo/FILMS BOUTIQUE - MAJID FILM PROD)
publié le 19 juillet 2023 à 1h04

Sur fond de météo totalement déréglée et de paranoïa galopante, un homme (Navid Mohammadzadeh) et une femme (Taraneh Alidoosti) découvrent à Téhéran un couple leur ressemblant trait pour trait (joués par les mêmes). S’ensuit un jeu de pistes à travers des cages d’escalier vides et des couloirs angoissants imaginé par le cinéaste Mani Haghighi et son coscénariste, le dramaturge Amir Reza Koohestani. Les Ombres persanes joue brièvement avec les combinatoires suggérées par cette situation de départ, convoquant la science-fiction avant tout pour développer un tortueux labyrinthe de méditation existentielle sur le libre arbitre et le déterminisme dont l’intérêt s’étiole, toute prise de conscience étant conditionnée à une situation de départ fabriquée de toutes pièces. L’exercice s’épuise et les jeux d’échos finissent par sembler un peu vains, refermant le film sur lui-même de manière claustrophobe.

Les Ombres persanes, de Mani Haghighi, avec Taraneh Alidoosti et Navid Mohammadzadeh

Récompensé par un prix du jury Un certain regard au dernier festival de Cannes, les Meutes, premier long-métrage du Marocain Kamal Lazraq, suit l’errance nocturne d’un père (Abdellatif Masstouri) et son fils (Ayoub Elaid) chargés de se débarrasser d’un cadavre dans les bas-fonds de Casablanca. Ils ont tué l’homme sans le vouloir, lors d’une histoire de règlement de comptes à la suite de la mort d’un chien au cours d’un combat ultraviolent (la scène d’ouverture du film) et leur déveine poisseuse va leur coller au corps la nuit durant, chaque tentative évidemment mal embringuée se soldant par un échec et poussant les deux laissés-pour-compte toujours plus loin dans le glauque et l’absurde. «It’s a dog-eat-dog world», dit la maxime anglo-saxonne – un monde où les chiens mangent les chiens. Ici ils mangent aussi les hommes, le film se complaisant dans sa ligne de basse sinistre jusqu’au bout.

Les Meutes, de Kamal Lazraq, avec Ayoub Elaid et Abdellatif Masstouri