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Billet

Les oscars, au miroir des justes prix

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La victoire de «Nomadland» et sa réalisatrice Chloé Zhao lors de la cérémonie de dimanche présente à la fois une avancée et un trompe-l’œil : historique mais terriblement révélatrice des travers passés comme actuels de l’institution hollywoodienne.

Chloé Zhao, meilleure réalisatrice pour «Nomadland» dimanche, dans la salle de presse des oscars à Los Angeles. (Chris Pizzello/AP)
ParJulien Gester
correspondant à New York
Publié le 26/04/2021 à 21h14, mis à jour le 26/04/2021 à 21h37

«Vous n’aviez jamais vu ça» : c’est la promesse originelle du cinéma lui-même, vantée par chaque film censé renouveler un peu l’horizon du spectacle, dès sa plus pure essence foraine, et telle qu’elle se réfléchit depuis un siècle et quelque dans le complexe marketo-industriel hollywoodien. C’était également l’annonce bravache de Steven Soderbergh, à la veille d’une 93e cérémonie des oscars dont il avait à sa charge de réinventer les contours à l’ère d’une pandémie encore vivace, après des mois d’extinction quasi totale des écrans de cinéma du monde entier, une crise sans précédent de l’expérience collective, et une awards season (des golden globes aux césars) frappée d’audiences faméliques. Et l’on se prit en effet à trouver quelque chose d’inédit à cette kermesse corpo désaffectée, antispectaculaire et fonctionnaliste comme jamais, ainsi rattrapée par la gravité d’une pandémie aux plus de 500 000 victimes américaines.

Enfin, c’est aussi en substance ce que serinaient tous les quarts d’heure les commentateurs du palmarès de ces oscars post-Covid, que l’«on n’avait jamais vu ça» – mais quoi donc : des films éligibles sans avoir connu de sortie, ne serait-ce que symbolique, en salles ; deux femmes nommées dans la catégorie meilleure réalisatrice et l’une d’elles (Chloé Zhao, autrice