Envers et contre tous, Gérard Depardieu continue de rejeter en bloc les accusations de violences sexuelles dont il fait l’objet. L’acteur de 76 ans, qui n’a jamais été condamné pour des faits de cette nature à ce jour, sera jugé le 24 et 25 mars prochain, devant le tribunal correctionnel de Paris, pour des agressions sexuelles «susceptibles d’avoir été commises en septembre 2021 au préjudice de deux victimes, sur le tournage du film les Volets verts». Alors que Libération révèle de nouvelles images de son voyage, en 2018, avec Yann Moix, au cours duquel ils ont rivalisé de misogynie, point d’étape sur les multiples procédures judiciaires en cours et à venir.
24 et 25 mars 2025, Gérard Depardieu jugé pour des agressions sexuelles sur le tournage des «Volets verts».
Gérard Depardieu aurait dû comparaître le 28 octobre 2024 devant le tribunal correctionnel de Paris pour les agressions sexuelles dont l’accusent deux femmes, lors du tournage du film les Volets verts, en 2021. Mais le comédien ne s’est pas présenté, son avocat invoquant des raisons de santé. L’audience a finalement été renvoyée au 24 et 25 mars. Les plaintes ont été révélées par Mediapart. Dans la première, déposée le 23 février 2024, une décoratrice travaillant sur le plateau des Volets verts rapporte que Gérard Depardieu l’aurait «attrapée avec brutalité», avant de lui «pétrir la taille, le ventre, en remontant jusqu’à [ses] seins». Dans la deuxième, déposée le 21 mars 2024, une assistante réalisatrice, explique que le comédien lui aurait à plusieurs reprises touché les fesses et la poitrine.
Août 2024 : le parquet de Paris requiert un procès pour viols et agressions sexuelles
Le ministère public a requis le 14 août le renvoi devant la cour criminelle départementale de Gérard Depardieu pour viols et agressions sexuelles sur la comédienne Charlotte Arnould. Il revient désormais à la juge d’instruction chargée de ce dossier d’ordonner ou non un procès. Ces réquisitions «sont le résultat d’une longue instruction qui a permis de rassembler les éléments qui corroborent la parole de» Charlotte Arnould, selon Me Carine Durrieu-Diebolt, son avocate.
Juin 2024, une plainte classée sans suite pour prescription
Le 9 janvier 2024, une femme a déposé plainte dans un commissariat de Paris pour des faits d’«agression sexuelle sur une personne vulnérable par personne abusant de l’autorité de sa fonction» lors d’un tournage à Doué-en-Anjou (Maine-et-Loire) en mars 2014. La plaignante de 24 ans était assistante sur le tournage du film de Jean-Pierre Mocky, le Magicien et les Siamois. Le parquet de Paris ouvre alors une enquête avant d’annoncer, six mois plus tard, le classement sans suite de cette plainte, «en raison de la prescription des faits», fixée à dix ans en matière d’agressions sexuelles.
Décembre 2023 : une troisième plainte, pour «viol»
Ruth Baza, journaliste et écrivaine espagnole de 52 ans, a déposé une plainte contre Gérard Depardieu en décembre 2023 auprès de la police espagnole. Elle accuse l’acteur d’un viol, commis le 12 octobre 1995 à Paris, alors qu’elle avait 23 ans et qu’elle rencontrait l’acteur pour l’interviewer pour la revue Cinemania. Elle rapporte «une intrusion sans aucun consentement, à aucun moment», qui l’aurait «paralysée». «Je ne pouvais pas bouger», raconte-t-elle. La police espagnole qualifie les faits de viol, ce qui est englobé dans le délit d’agression sexuelle dans le droit espagnol. Elle dit avoir «complètement» oublié les faits jusqu’à la découverte des témoignages de treize autres femmes assurant être victimes de Gérard Depardieu dans les colonnes de Mediapart et avoir alors ressenti «un déclic intérieur».
Septembre 2023 : une deuxième plainte, pour «agression sexuelle», classée sans suite
L’actrice Hélène Darras a porté plainte le 10 septembre 2023 contre Gérard Depardieu. Elle l’accusait de l’avoir «pelotée», en 2007, alors qu’elle avait 26 ans et jouait comme figurante dans le film Disco réalisé par Fabien Onteniente. Elle dit qu’il lui aurait passé la main «sur [ses] hanches, sur [ses] fesses». Le 22 janvier 2024, le parquet de Paris annonce que la plainte est classée sans suite, les faits étant prescrits. Elle explique alors que cette décision «n’est pas une surprise». «Si j’ai porté plainte, c’est parce que je ne pouvais plus me taire, a-t-elle détaillé. Désormais, si mon témoignage permet à la justice d’avancer sur les plaintes non prescrites, ou s’il peut libérer la parole d’autres victimes, voire relancer le débat sur la prescription, tout cela n’aura pas été vain.»
Avril 2023 : des femmes apportent leurs témoignages à la justice
Mediapart publie une enquête recoupant treize témoignages qui dépeignent le «mode opératoire» de l’acteur. Une actrice qui aurait été agressée sur un plateau de tournage explique : «Il y avait tellement de témoins oculaires […] personne n’a rien dit.» Trois des victimes ont apporté leurs récits à la justice mais seule la comédienne Hélène Darras portera plainte quelques mois plus tard. Toutes disent être tenaillées par la crainte que «leur parole pèserait peu face au monument du cinéma français».
Août 2020 : ouverture d’une information judiciaire et mise en examen pour la même plainte
La comédienne Charlotte Arnould dépose une deuxième fois plainte en août 2020, se constituant partie civile cette fois, ce qui aboutit à l’ouverture d’une information judiciaire. L’enquête est confiée à un juge d’instruction, qui estime qu’il existe des indices «graves et concordants». Gérard Depardieu est donc mis en examen pour «viols» quatre mois plus tard, en décembre 2020.
Août 2018 : une première plainte pour «viol» classée sans suite
Le 27 août 2018, la jeune comédienne Charlotte Arnould dépose plainte contre Gérard Depardieu dans les Bouches-du-Rhône. Elle raconte aux enquêteurs que le comédien l’a violée à deux reprises à six jours d’intervalle, les 7 et 13 août, dans son domicile parisien. L’actrice de 22 ans préservait alors son anonymat. Deux mois plus tard, en novembre 2018, l’interprète de Cyrano est entendu par la police judiciaire de Paris, sans être placé en garde à vue. En juin 2019, la plainte de Charlotte Arnould est classée sans suite, selon le parquet de Paris, car «les infractions n’ont pas pu être caractérisées».