Menu
Libération
DVD

«Les Yeux de feu» d’Avery Crounse : mystère à terre

Article réservé aux abonnés
Sorti en 1983, le film du photographe plonge dans les traumas profonds des Etats-Unis du XVIIIe siècle. Une œuvre hors du temps marquée par une rare maîtrise du folk horror.
Anomalie totale dans le cinéma fantastique américain des années 80, «les Yeux de feu» d'Avery Crounse, occupe depuis plus de quatre décennies une place unique à la suture du folk horror. (DR)
publié le 14 mars 2025 à 21h43

Amateurs et amatrices de sorcières spongieuses, forêts impénétrables, prêcheurs adultères, lunes gibbeuses, sous-bois humides, enfants bourrus, parcelles maudites, ombres belliqueuses dansant dans les fourrés, fantômes naturistes, arbres qui parlent, boucs agressifs, hurlements de guenons qu’on écorche, foudre divine et crucifix érigés à flanc de colline : réjouissez-vous. Anomalie totale dans le cinéma fantastique américain des années 80, les Yeux de feu, réalisé par le photographe Avery Crounse, occupe depuis plus de quatre décennies une place unique à la suture du folk horror, du film historique et du grand carnaval illusionniste.

1750. Bannis de leur village de Nouvelle-Angleterre, un pasteur adultère, sa maîtresse, sa fille muette et son groupe de fidèles errent à travers le pays. Arrivés en territoire français, ils décident de poser leur campement au cœur d’une forêt isolée redoutée par les indigènes, où des forces mystérieuses ne vont pas tarder à se manifester. Ça commence comme du Werner Herzog, sombre, austère, éprouvant ; ça se termine dans une tapageuse débauche d’apparitions inopinées, murs de flammes, filtres saturés et tours de passe-passe. Entre les