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Libération
Bande de filles

«Levante» de Lillah Halla, un certain genre

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La cinéaste se démarque du teen movie formaté sur les minorités et explore, avec grâce, le désir illégal d’avortement d’une joueuse dans une équipe de volley inclusive au Brésil.
C'est le premier long métrage de Lillah Halla. (Wilssa Esser)
publié le 5 décembre 2023 à 19h42

Sofia, 17 ans, est une joueuse de volley douée au sein d’une équipe inclusive, à Rio, dans le Brésil cryptofasciste de Bolsonaro. Elle se voit offrir la possibilité d’intégrer une équipe professionnelle qui l’a repérée, au Chili, à la fin de l’année du championnat. Cette perspective d’avenir inespéré marque le jour où Sofia tombe enceinte. Elle décide d’avorter – dans un pays où la loi l’interdit, où la société et la rumeur la jugeront, où des groupes religieux, sous les façades de sites internet prétendument «alliés», font pression, d’abord enjôleurs, sourires crispés, et ne tardent pas à la persécuter.

Premier long de Lillah Halla, Levante sort du tout-venant clignotant des thèmes en vogue, jeunes filles gender fluid et minorités opprimées, et se démarque du teen movie formaté comme du film à sujet convenable, par la grâce inattendue en cours de route de son balancement narratif. Après un début de convention, il opère un élargissement de perspective via par exemple une subite attention à des personnages qu’on avait cru satellites : le père, l’entraîneuse, la catho fanatique, les adultes en résumé. Ce contraste, et l’effet différé de surprise, entre les premiers signaux fluo d’un contemporain insouciant (la bande de filles en toute diversité sexuelle, raciale, de genre et de corpulence, de look et de tempérament) et les écueils successifs de l’accès à l’avortement, est saisissant : ce désarroi, bientôt ce cauchemar du parcours de la combattante, paraît encore p