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En apparente difficulté économique, UGC passe donc à l’offensive en frappant à la fois les salles indépendantes et quelques-uns de ses usagers.En apparente difficulté économique, UGC passe donc à l’offensive en frappant à la fois les salles indépendantes et quelques-uns de ses usagers. (Marc Chaumeil/Libération)

Enquête

Limiter la carte illimitée : soupçonnant des fraudes, le mastodonte UGC veut faire payer les cinémas indépendants

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Plusieurs salles parisiennes sont en conflit avec UGC, qui suspecte un usage frauduleux de son offre d’abonnement illimité. L’affaire a entraîné licenciement et avertissements de salariés précaires.
publié le 28 octobre 2024 à 10h30

«Pourquoi avez-vous vu Bushman [de David Schickele, film américain de 1971 ressorti en avril] trois fois, les 24, 27 et 30 avril 2024 ?» Voilà près de dix jours que Léa, ouvreuse et projectionniste de 24 ans en CDI au Reflet Médicis, cinéma indépendant parisien, attend de comprendre la raison de sa brutale mise à pied conservatoire le 9 septembre et de sa privation de salaire depuis. «Ça avait l’air si grave, je pensais que j’avais fait une absence et tué quelqu’un. La direction me disait qu’il allait y avoir une enquête sur moi.» Alors quand Pierre-Edouard Vasseur, directeur général du groupe Dulac qui détient cinq cinémas à Paris dont celui où elle travaille, la cuisine, le 18 septembre, lors d’un entretien préalable au licenciement pour faute grave, sur ses sorties cinémas compulsives, Léa souffle un coup. Mais se demande comment sa direction détient ces informations et par quel moyen ses données personnelles ont fuité. Très vite, elle fait le lien avec sa carte UGC illimité dont elle vient d’être blacklistée pour un usage jugé «frauduleux». Evasif, un mail de résiliation la renvoie aux conditions générales d’abonnement – l’«utilisation de la carte dans un but lucratif ou dans un but autre qu’une activité privée de loisirs» est notamment cité comme motif de bannissement. En clair, UGC soup

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