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Gore

«Love Lies Bleeding» avec Kristen Stewart : l’homoglobine

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Sanguinolent hybride des genres, l’étrange film de Rose Glass trouve sa puissance dans ses actrices, avec Kristen Stewart en amoureuse rogue.
Lou (Kristen Stewart) et Jackie (Katy O’Brian) dans un jeu de massacre néon. (Metropolitan film & video)
publié le 11 juin 2024 à 16h07

Le pitch tel qu’on l’envisage : Kristen Stewart, dans le désert lunaire d’Albuquerque, Nouveau-Mexique, tue le temps entre la salle de gym qu’elle supervise et une famille aussi dysfonctionnelle que les Atrides (sœur battue comme plâtre par son mari – mais elle l’aime –, père crapule criminelle posté dans son champ de tir un doigt sur la gâchette, mère aux abonnés absents), lorsqu’elle tombe amoureuse de Hulk arrivée en ville. Or Hulk est une femme bi, elle n’est pas verte mais culturiste (Jackie est jouée par Katy O’Brian, massive), en route pour Las Vegas la tête pleine de rêves de trophée au concours de bodybuilding. Leur histoire d’amour tourne à l’histoire de sang en longue traînée rubis, qui poussera – elle y aura mis le temps – la jeune Lou (Stewart) à réaliser que son entourage est vraiment, vraiment trop bête et toxique.

Dégaine hippie-killer

Ne pas trop faire cas de la mise en scène dans Love Lies Bleeding, il n’y en a pas beaucoup du côté de la réalisation de Rose Glass (son premier long, Saint Maud, dans le genre gore à crucifix, ne tranchait que par son outrance austère sur fond d’extases maléfiques). L’intérêt est ailleurs et se révèle par glissements progressifs, comme le plaisir et la gêne. C’est un film d’actrices, pas de réalisatrice. Un film de Kristen Stewart d’abord. Il convient ici de dire la rupture opérée par elle dans l’histoire des actrices : Stewart est la première star hollywoodienne ouvertement lesbienne sans que son coming out ait signé l’arrêt brusque d