Pour l’aider à infléchir son destin, un médium enterre vivante une cliente dont le thème astral a révélé qu’elle connaîtrait une mort brutale avant l’aube. Mais un orage vient perturber la cérémonie et déclenche une série de ricochets cosmiques qui vont avoir raison de l’infortunée cliente et réunir le médium, un livreur de nouilles psychotique et un tueur en série masqué dans un invraisemblable tour de grand huit existentiel. Imaginez ce que vous voulez à partir de ce point de départ, vous serez de toute façon à des années-lumière de ce qu’en a tiré Soi Cheang, cinéaste athlétique aussi à l’aise dans le thriller en hypertension (Dog Bite Dog) que dans le grand spectacle mainstream (les trois volets du Roi Singe) et dont les spectateurs français ont pu découvrir l’an dernier l’impressionnant Limbo, monstre formel – un Hongkong transformé en décharge à ciel ouvert et filmé dans un noir et blanc vitriolé – qui finissait hélas par s’embourber dans une surenchère de violence sadique.
Les yeux écarquillés
Dans Mad Fate (produit par Johnnie To), le cinéaste chinois joue une main beaucoup plus versatile, peignant à coups de néons fuchsia et de béton détrempé cette fresque apocalyptico-philosophico-psychiatrique dont l’amorce laisse penser qu’elle va reposer sur un mécanisme narratif réglé au millimètre, multipliant les synchronies macabres à