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Cinéma

«Maixabel» : après le meurtre, la paix des Basques ?

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Grand succès public en Espagne, le film de Icíar Bollaín sur la rencontre en prison d’une veuve et de deux bourreaux de son époux, tué par l’ETA en 2000, crée la polémique dans le pays.
L’actrice Blanca Portillo interprète le rôle de Maixabel Lasa. (david herranz)
publié le 15 octobre 2021 à 3h45

Pour chaque conflit qui meurtrit en profondeur une société donnée, vient le temps de la catharsis, cette «purgation des passions» dont parlait Aristote. Pour ce qui est du terrorisme d’ETA, qui tua 864 personnes en un demi-siècle, il y a tout d’abord un livre : ce fut Patria, de Fernando Aramburu, un best-seller publié en 2016 narrant le retour dans son village natal de la veuve d’un homme tué par les pistoleros basques. Il y a désormais un film. Après avoir été acclamé par la critique au festival de cinéma de Saint-Sébastien et seulement en salles depuis le 24 septembre, Maixabel est déjà un succès public – le deuxième film le plus vu en cette rentrée après l’ultra commercial Dune.

Suturer les blessures du passé

Il ne s’agit certes pas du premier long métrage traitant de cette organisation armée basque qui fut un cauchemar national (et surtout basque) entre 1968 et 2011, année du cessez-le-feu. Mais c’est le premier qui aborde la très délicate question de la réconciliation : alors qu’après des décennies d’incarcération les anciens militants d’ETA sortent peu à peu des prisons espagnoles ou françaises – il en reste 134 à ce jour –, ceux-ci se trouvent confrontés à une société bien différente et doivent souvent faire face aux parents ou aux proches de leurs victimes. Comment une coexistence peut-elle être possible désormais ? Comment suturer les blessures d’un pa