Honnêtement, ça ne pouvait pas mieux tomber. Après dix mois de fermeture des salles, Mandibules de Quentin Dupieux, découvert à la dernière Mostra de Venise en septembre 2020, c’est-à-dire il y a un siècle, débarque enfin sur les écrans français, étincelant, paré de toute la séduction pop et cool d’un cocktail savamment dosé à siroter au soleil en chemise hawaïenne. On avait laissé Dupieux en 2019 avec le Daim, l’histoire d’un mec (Jean Dujardin) qui achète un blouson à franges dont il se convainc qu’il lui donne un si puissant «style de malade» qu’il ne peut plus supporter de coexister avec d’autres vestes, entre acrylique, similicuir et velours, et qu’il se doit donc, par impératif moral ou élégance monomane, tuer méthodiquement tous ceux qui en portent.
De caravane pourrie en villa avec piscine
Dans Mandibules, un duo d’amis gentiment débiles découvre dans le coffre d’une voiture volée une énorme mouche vivante. Le premier réflexe serait probablement de partir en courant ou au moins de s’étonner de sa taille mais pas pour Jean-Gab et Manu (David Marsais et Grégoire Ludig), l’un pompiste à coupe mulet toujours au bord d’une émotion absurde, l’autre SDF un peu hagard, un peu vicieux. C’est Jean-Gab qui a l’illumination devant l’insecte de hasard : suffit de dresser la mouche, «comme un singe, comme un drone», elle fera tout ce qu’ils voudront, elle ira leur piquer de la