Dans la brasserie du VIe arrondissement parisien où on le retrouve, fin septembre, aux premières heures du matin, Marco Brambilla entame son déjeuner – complètement jet-lagged, il sort d’un avion en provenance de Las Vegas où il est allé effectuer les derniers réglages sur l’une de ses vidéos, diffusée quelques jours plus tard dans la Sphere, nouvelle salle de spectacle immersive et démesurée, pendant le concert inaugural de U2. A 63 ans, l’Italo-Canadien est une référence de l’art numérique, multipliant expositions et installations à New York, Busan, Istanbul ou Londres, où il vit depuis plusieurs années.
S’il est à Paris, c’est pour ça aussi : Heaven’s Gate, l’une de ses œuvres les plus impressionnantes, est la pièce centrale de la biennale internationale des arts numériques Némo, qui se tient jusqu’en janvier au Centquatre. Un travelling vertical d’un peu moins de dix minutes, joué en boucle sur trois panneaux démesurés, où l’on voit un personnage traverser les sept cercles de l’enfer de Hollywood, composé de centaines d’images, décors, détails et personnages de films, assemblés dans un patchwork tripnotique. Une œuvre qui raconte la dégénérescence de Hollywood mais aussi l’expérience personnelle de Brambilla, réalisateur surdoué passé par la publicité, qui ne fera qu’un long métrage – le délirant et visionnaire Demolition Man en 1993 – avant de tout plaquer pour la vidéo et, accessoirement, préserver sa santé mentale. Nous avons passé un moment avec l