Où se cache-t-il donc, ce cinéma de tradition française pas chiant, sexy, hyperproduit, qui a la gagne, si l’on en croit le taulier de Pathé Jérôme Seydoux, chaque fois qu’il est invité à se répandre sur la nécessité de «reconquérir» le public avec moins de nullités d’auteurs, et plus de films similaires à ceux que finance sa crémerie ? Plus éloquent qu’un long discours, Mascarade en donne une idée. Pour se plonger dans ce thriller d’arnaques et de passion entre un gigolo (Pierre Niney) et une aventurière vénale de la Riviera (Marine Vacth), il faut être prêt à s’enfermer plus de deux heures dans le cerveau de Nicolas Bedos, sans possibilité d’ouvrir les fenêtres pour aérer un bon coup. On ne pourra pas reprocher à son auteur de se renier. Plein de ses ruminations sur la guerre des sexes à l’ère Me Too (les femmes aussi vampirisent les hommes !) et d’une vision assez terrible des actrices (Isabelle Adjani en coquette ridicule pousse l’autodérision jusqu’à l’humiliation), le film est à l’image de ce qu’il feint de brocarder : capricieux, fasciné par son faste en toc, mégalo tant il témoigne d’une inflation scénaristique délirante, où un rebondissement en chasse un autre, sacrifiant tour à tour chaque personnage (ouf, on les déteste tous !). Avec Hors de Prix en 2006 Pierre Salvadori signait un film sur des sujets similaires sans le kit de transgression nihiliste à deux balles, et avec infiniment plus de charme.
Vite ma daube
«Mascarade», on en a plein le Bedos
Le film est à l’image de ce qu’il feint de brocarder : capricieux, fasciné par son faste en toc, mégalo. (Pathé)
par Sandra Onana
publié le 1er novembre 2022 à 15h42
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