Mati Diop a une idée très claire de ce qui anime son cinéma : sa dimension d’outil politique. Depuis 2008 et son premier court-métrage Mille Soleils, puis le magnifique Atlantique, Grand Prix du jury à Cannes 2019, la Franco-Sénégalaise s’emploie, selon ses mots, «à raconter des histoires venues du continent africain, restituées de la façon la plus subtile et complexe possible, en résistant à tous les stéréotypes hérités de l’histoire coloniale». Ce que ce programme ne laisse pas deviner, c’est combien ses films sont, aussi, des poèmes singuliers et fantastiques, doublés de puissantes épopées. La cinéaste en esquisse les contours, juste avant la sortie du saisissant Dahomey.
Pourquoi avez-vous voulu faire ce film ?
Quand j’ai entrepris ce film, j’ai eu le sentiment d’affirmer une démarche que j’avais commencée quinze ans plus tôt : celle de restituer nos histoires. La France, l’ancienne puissance coloniale, Macron, leur rôle, c’est de rapatrier. Mais restituer, c’est à nous de le faire, nous, enseignants, intellectuels, cinéastes, artistes, société civile. Et cela va au-d