Il y a toujours un moment où, à travers la récurrence d’un motif, une phrase à la volée, un cinéaste livre en contrebande le secret de son art. Chez Max Ophüls, la contrebande est effrontée, elle se manifeste à chaque plan, sous la forme d’une figure de style : l’arabesque, cette courbe serpentine, où s’enroulent ses films, les amples mouvements de caméra épousant les incessantes allées et venues de ses personnages, ses histoires cycliques où la répétition et le flash-back ont la part belle, les intrigues en spirales dont ses héroïnes sont captives. «Je vois en rond, cela me permet d’être partout à la fois», disait le maître de cérémonie de la Ronde, et à travers lui Ophüls lui-même, en cinéaste démiurge. «Partout à la fois», c’est-à-dire dans l’espace et dans le temps qui miroite à flux d’images quantiques, où ce qui advient a gardé la trace de ce qui fut. La hantise du passé dans le présent, le retour de bâton (ou celui du refoulé) qui pèse sur les existences. «La femme que j’étais a fait le malheur de celle que je suis devenue», dira Louise dans Madame de… (1953), l’inoubliable chef-d’œuvre tardif d’Ophüls à redécouvrir en salles dans une étincelante copie restaurée, ainsi que le Plaisir (1952) autre somptuosité de la seconde période française du cinéaste cosmopolite, et Sans lendemain (1939), perle rare, t
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Max Ophüls, tout «le Plaisir» est pour nous
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Madame De, ® 1953 Gaumont - Rizzoli Film. (Rizzoli Films/Gaumont)
par Nathalie Dray
publié le 6 novembre 2024 à 18h59
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