Il faut voir Megalopolis au moins deux fois pour l’avoir vu au moins une fois, droit dans les yeux. Y retourner pour qu’il se révèle, serait-on tenté d’écrire, si le mot n’était lesté d’un si pesant sens liturgique. Une appréciation qui ne revient pas, d’ailleurs, à propulser le 23e long métrage de Francis Ford Coppola au firmament d’un panthéon de chefs-d’œuvre si débordants de beauté et d’intelligence qu’ils échapperaient au premier coup à notre compréhension. C’est seulement que son fond extrêmement dense, fruit de décennies de lectures et réflexions, et sa forme, démesurée tapisserie maniaquement ordonnée de séquences débordant de symboles, de tropes et de motifs, ne peuvent au premier regard que faire ressentir d’autre sentiment que celui de la submersion ou d’un train filant à toute vitesse à 2 millimètres du visage, laissant abasourdi sur le bas-côté. Nabokov disait indispensable la relecture des livres afin de dépasser le travail et le temps nécessaires pour «faire connaissance» avec eux, et enfin «nous comporter à l’égard d’un livre de la même manière qu’à l’égard d’un tableau» ; Mégalopolis, qui est une fable et non pas un tableau, gagne immensément, à la faveur de la re-vision, à ce que la vitesse de son déroulement ne brouille plus la vision. Paradoxe pour un
Grand retour
«Megalopolis» de Francis Ford Coppola, pour le meilleur et l’utopie
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La chanteuse Grace VanderWaal démultipliée dans «Megalopolis». ( Lionsgate)
par Olivier Lamm
publié le 20 septembre 2024 à 21h18
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