«Bienvenue à Washington DC, capitale de la nation, résidence du gouvernement fédéral et du président des Etats-Unis… une capitale édifiée par des esclaves, depuis l’avenue même où ils furent vendus.» Nous sommes à la fin des années 70. Baignée de cette même fureur calme qui fait tenir ensemble les formes et les vibrations très libres du film, la voix off coule son exposé sur des images de cars de touristes en admiration devant la majesté pleine de gloire des monuments. Bientôt, sans prévenir, une coupe franche catapultera la caméra depuis ce noyau institutionnel du pays jusqu’à ses pourtours populaires, dans cette même ville où résident à l’époque, nous dit-on, «quelque 630 0000 habitants, dont 71 % sont noirs». La parole sera dès lors rendue à cette marge majoritaire : des Afro-Américaines pauvres, qui décrivent quels mécanismes d’éviction s’exercent «systématiquement» contre eux pour les expulser, du jour au lendemain, de logis et de quartiers où ils avaient toujours vécu, et quelles luttes ils entendent engager «pour les droits, pour le progrès, pour la nouvelle génération».
Le film, beau et bref, s’intitule Brick by Brick. Réalisé, produit et monté en 1983 par Shirikiana Aina, il s’achève sur les images de silhouettes et regards enfantins, comme pour prêter corps à l’invocation inquiète d’un horizon de jours meilleurs. Et quatre décennies plus tard, on se retrouve un lendemain de Noël à arpenter les rues des mêmes quartiers, au côté du f