C’était il y a cinq ans, le 3 novembre 2019, et on ne sait si tout a changé depuis, en matière de perception et de prise en compte des violences sexuelles ou presque rien. Dans les colonnes de Mediapart puis lors d’une interview diffusée en direct le lendemain sur le site du journal en ligne, la comédienne Adèle Haenel rompait l’omerta tranquille et affligée du cinéma français depuis l’affaire Weinstein par une inaugurale prise de parole dense et précise, forte en ce qu’elle dépassait son propre cas et exigeait de l’ensemble de la profession une remise en question de son fonctionnement «patriarcal». «Les monstres n’existent pas, avait-elle lancé fermement devant la caméra de Mediapart. C’est notre société. C’est nous, nos amis, nos pères. Il faut regarder ça. On n’est pas là pour les éliminer, mais pour les faire changer.»
Les faits dénoncés par Adèle Haenel et que le tribunal correctionnel de Paris devra examiner lundi 9 et mardi 10 décembre concernent cependant un homme en particulier : le cinéaste Christophe Ruggia, qui conteste toutes les charges. L’actrice l’accuse d’une mise sous emprise à partir de 2001 durant trois ans, alors qu’elle était âgée de 12 à 14 ans pendant la préparation, le tour