On dirait un retour sur le lieu du crime. Il y a six ans et des brouettes, à l’issue d’un week-end de projo marathon de ses Mille et Une Nuits, un Miguel Gomes ivre d’allégresse (et «ivre tout court» nous confirme-t-il, faussement penaud) demandait en mariage sa compagne Maureen Fazendeiro devant quelques centaines de personnes, réunies sur la plage cannoise du Palm Beach. Ni une ni deux, une saleté de paparazzi de Libération s’était empressé de rapporter la nouvelle dans son canard, et la promise avait dû appeler ses parents en catastrophe pour s’assurer qu’ils ne recrachent pas leur café en ouvrant leur journal du lendemain. Voilà désormais qu’après moult tergiversations de calendrier (dues à la reprise du Covid au Portugal), on retrouve les deux cinéastes à Cannes, les pieds quasi dans le sable, avec leur Journal de Tûoa. Un lumineux film de confinement monté à l’envers, qui passe au tamis de la fiction vingt-deux jours de vie en groupe entre comédiens, cinéastes et techniciens, cloîtrés dans une ferme pour faire un film ensemble.
Place à l’invention
Elle, scénariste et cinéaste française d’origine portugaise, dont c’est le premier long métrage (après les courts Soleil Noir et Motu Maeva) et lui (artisan d