Le cinéaste Mo Harawe, né en 1992, a grandi à Mogadiscio avant d’étudier le cinéma en Autriche. Son très beau premier long métrage, le Village aux portes du paradis, qui restera (aussi) dans l’histoire comme le premier film somalien montré au Festival de Cannes, tourné dans des villages parcourus par le vent du désert, raconte les aventures à la fois quotidiennes et picaresques de trois personnages formant une sorte de famille. Il se trouve un langage de cinéma où la beauté plastique sert l’alliance entre une vraie fantaisie et le désir de rendre justice à la vie réelle de lieux qui ne sont jamais filmés.
On ne peut détacher le regard de votre film, le travail d’invention visuelle est captivant. Pouvez-vous parler de ce soin apporté à l’image ?
L’aspect visuel naît bien sûr de plein d’éléments différents, des personnes et des lieux filmés, des cadres, des couleurs. On est partis de ce qu’on ne voulait pas plutôt que de ce qu’on voulait. On ne voulait surtout pas de la couleur stéréotypée de ces films tournés en Afrique ou en Amérique du Sud où l’image est toute jaune pour matérialiser la chaleur. On a décidé qu’il n’y aurait pas ce jaune mais qu’on prendrait tout le reste, en laissant s’exprimer les autres couleurs. Elles étaient là. On s’en est tenu à ce qu’il y avait sous nos yeux, dans