Le cinéaste iranien Mohammad Rasoulof a répondu aux questions de Libération au lendemain matin de la montée de marches et la projection de gala de son film, les Graines du figuier sauvage. Son film a été récompensé du Prix spécial du jury le 25 mai. Une attaque frontale contre le régime de son pays à travers la figure d’un juge compromis dans la répression du mouvement «Femmes, Vie, Liberté» et débordé par ses deux filles en révolte contre lui. Privé de son passeport, menacé de prison à nouveau (après y avoir passé plusieurs mois en 2022 et 2023), Rasoulof, 52 ans, doit désormais s’acclimater à son nouveau destin d’artiste en exil.
Comment un tel film peut-il se faire aujourd’hui en Iran ?
C’était un pari immense, un vrai coup de poker. En Iran, il y a toujours un facteur de chance, la possibilité que ça fonctionne ou pas, que l’on puisse aller au bout du projet ou non. Les sources de surveillance sont nombreuses, la police, les services secrets, qui ont différents moyens de vous mettre sous pression. Je fais du cinéma clandestin depuis vingt ans, j’ai appris à les déjouer, et savoir comment détourner leur attention et échapper à leur vigilance. Mais ce tournage a été le plus difficile de ma carrière, je n’avais jamais été à ce point sous pression, da