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«Moi, Christiane F.», héro malgré elle

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Adaptation du best-seller qui aura marqué une génération d’ados dans les années 80 et du film de Uli Edel, la mini-série d’Amazon présente une version un poil trop chic de la descente aux enfers de Christiane Felscherinow.
«Moi, Christiane F.», saison 1, épisode 5. (Mike Kraus / Soap Images / mike@soapimages.com)
publié le 11 avril 2021 à 8h28

Best-seller autobiographique eighties (1978) sur la descente aux enfers d’une ado allemande, Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… a terrifié et subjugué nombre de jeunes. Le titre français est transparent sur les épreuves de Christiane Felscherinow, fuyant sa famille, se prostituant pour payer son héroïne. Le titre allemand, Christiane F. – Wir Kinder vom Bahnhof Zoo, fixait un phénomène générationnel localisé : «Nous, les enfants du Bahnhof Zoo» – du nom de cette gare berlinoise à la réputation de repaire pour junkies et SDF, zone alors de non-droit délaissée par la police. L’aura du livre, lecture imposée dans les écoles outre-Rhin, décupla avec son adaptation au cinéma (1981) par Uli Edel, avec la présence à l’image et sur la BO du chanteur favori de Felscherinow – David Bowie. Le film avait marqué avec ses visages d’anges ravagés et ses couloirs aux lumières blafardes. La nouvelle adaptation en série pour Amazon Prime rompt d’emblée avec cet imaginaire métallique en propulsant Christiane (Jana McKinnon) en groupie toute de cuir vêtue dans un jet privé en compagnie de Bowie en personne. Scène apparemment impossible, mais on se rappelle ces lignes du livre : «J’ai perdu tout sens des réalités. Pour moi la réalité est irréelle. Ni hier ni demain ne m’intéressent.»

Passage ici pris à la lettre lorsque la reconstitution du Berlin d’antan enfile les anachronismes délibérés – avec le tube Everybody’s Free de Rozalla, sorti en