Premier long métrage de la réalisatrice finno-suédoise Johanna Pyykkö, Mon parfait inconnu se passe en Norvège, à Olso où Ebba travaille dans le quartier du port, comme agent d’entretien dans des bureaux de standing. La très jeune femme s’ennuie et commence, laissée seule dans une maison qu’elle gardienne, à s’inventer une vie. Un très bel homme trouvé évanoui sur le port lui donne l’occasion de passer une vitesse : la voici qui profite de l’amnésie de celui-ci pour leur concocter une mascarade de vie de couple, basée toute entière sur le mensonge. Si le film se cherche beaucoup et fait des choix discutables, notamment en matière de surlignage musical et de mise en scène du trouble psychique dont souffre visiblement Ebba, il accroche l’attention dans son entêtement à suivre un personnage sombre, débarrassé de toute boussole morale. Sous les traits blonds et juvénile de l’actrice, assez impressionnante, se cache en effet un monstre de manipulation prête à tous les sales coups pour préserver son rêve conjugal de midinette. L’équilibre obscur qui se crée entre une psyché adolescente et la réalité d’une emprise sans scrupule tient une bonne partie du film, avant que celui-ci souffre de ne pas suffisamment s’ouvrir sur l’alentour, ou alors tardivement et sans rebattre réellement les cartes. La focalisation constante sur la subjectivité d’Ebba épuise le film et l’amène à une impasse que l’ambiguïté de la séquence finale peine à masquer.
Drame
«Mon parfait inconnu», malsaine de la vie conjugale
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Sous les traits blonds et juvénile de l’actrice se cache un monstre de manipulation prête à tous les sales coups pour préserver son rêve de midinette. (Pyramide Films)
par Laura Tuillier
publié le 23 juillet 2024 à 23h02