Il avait le futur en ligne de mire, perpétuellement. Celui imaginaire de la science-fiction, dont il influença le déploiement au cinéma comme aucun autre, par son travail colossal sur 2001 et Blade Runner ; mais aussi celui, technique et bien réel, de l’image et de ce qu’elle peut pour l’art, l’immersion, les histoires, l’imagination. Douglas Trumbull, réalisateur, chercheur, truquiste, artisan essentiel du cinéma américain qui vient de disparaître à 79 ans, n’avait réalisé que deux longs métrages de cinéma, et aucun chef-d’œuvre. Il était pourtant artiste au sens plein du terme, son génie pictural, son ingénierie essentielle et sa foi profonde dans le pouvoir de l’image seulement relégués au deuxième plan par la croyance de notre culture dans le geste du metteur en scène, auteur ultime et tout puissant.
Songeons à une séquence d’un film parmi la petite dizaine qui bénéficient de ses effets spéciaux exceptionnels : la découverte de l’Enterprise dans le film Star Trek, réalisé par le vétéran Robert Wise en 1979, dans laquelle le capitaine Kirk, pourtant ringardisé par une décennie de rediffusions intempestives à la télé, retournait en navette à son vaisseau spatial pour fêter son arrivée sur les écrans de cinéma. Dénuée de parole, purement contemplative, la balade est prétexte à un superbe travelling spatial, au pas d’escargot, éclairé par la lueur bleutée de la terre en contrebas ; esthétiquement magnifique, la séquence est aussi un appel