Menu
Libération
Disparition

Mort de Gena Rowlands, la stature de la liberté

Article réservé aux abonnés
Alter-ego de John Cassavetes, son mari et cinéaste de prédilection, la comédienne s’est affranchie de tous les plans de carrière pour devenir l’une des figures les plus charismatiques du cinéma indépendant américain. Elle est morte mercredi à 94 ans.
Gena Rowlands dans «Faces» (1968) de John Cassavetes. (NZ/COLLECTION CHRISTOPHEL)
publié le 15 août 2024 à 8h31
(mis à jour le 15 août 2024 à 19h32)

C’est un film que John Cassavetes a consenti à réaliser à contrecœur et qu’il n’aimait pas. Gloria, en 1980, vaut pourtant à Gena Rowlands d’être nommée aux oscars dans la catégorie meilleure actrice. En rupture avec ses nombreux rôles précédents où l’introspection et les fêlures de la personnalité dominent, l’actrice est ici engagée dans une fuite effrénée avec, à ses côtés, un gamin portoricain dont les parents viennent de se faire descendre, l’un et l’autre pourchassés par la mafia. Rowlands, toujours parfaitement coiffée et habillée, en robe satinée Ungaro et talons hauts, tire à bout portant sur les sales types qui se dressent sur son passage sous les yeux effarés du gosse qu’elle traite d’abord sans trop de ménagement en dépit du traumatisme extrême de la situation. Rowlands est géniale de bout en bout en super-héroïne ultra-smart, trimballant dans les ruelles mal famées de New York cette nonchalance nerveuse très particulière qui donne le sentiment qu’elle plane et n’est jamais tout à fait raccord avec ce qui est en train de se passer, et qu’en même temps, dans une fraction de seconde, elle court, tire, hèle un taxi, surmonte toutes les épreuves, le doigt dans la prise. Rarement aura-t-on eu autant envie d’être dans un merdier sans nom que face à ce polar remarquable, pour la seule chance d’être sauvé par une femme aussi objectivement admirable. Ge